Ahora Madrid

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Ceci est un résumé de l’interview menée par Stacco TRONCOSO (P2P Foundation, Guerilla Translation, Commons Transition), dans laquelle Miguel ARANA et Victoria ANDERICA parlent du succès de leur plateforme citoyenne Ahora Madrid – succès qui s’est traduit par le soutien de 32% des électeurs lors des dernières élections municipales en mai 2015, permettant à cette plateforme de diriger Madrid en coalition avec le PSOE.

L’interview, en anglais, a été publiée ici http://commonstransition.org/common-space-for-exchange-cities-in-transition-and-citizen-struggles/ le 21/12/2016

- Ces dernières années, les Espagnol-e-s ont été très actifs dans des mouvements, dans les rues, pour faire changer les choses sans se soucier des institutions. Après avoir essayé de plusieurs façons, l’idée d’entrer dans les institutions a fait son chemin. Ils peuvent désormais être dans les institutions, faire face aux attaques de ceux qui vont tenter de les en empêcher (des médias, des partis traditionnels...). Parce qu’ils se sont organisés sans leaders, sans visages, sans lois… il ne s’agit pas de personnes, mais d’idées. Des leaders dès le début du mouvement auraient été des cibles faciles. Il a fallu organiser cela pour devenir une sorte de parti, par exemple grâce au processus ouvert dans lequel chacun pouvait se proposer sur la liste, avec un système particulier de votes online etc. Ainsi, ils ont dans le gouvernement municipal des écologistes, des gens de partis traditionnels, des personnes indépendantes, des communistes…

Le programme du parti a été fait essentiellement de façon ouverte, collaborative, avec des groupes de travail qui décident des sujets principaux, ouvert online pour que les gens puissent voter. Pas parfaitement – il est difficile de s’assurer que tout le monde est bien d’accord avec les idées – mais ça a été fait avec des outils grâce auxquels les personnes pouvaient voter, avoir des opinions… Maintenant, avec les élu-e-s, c’est un peu différent parce qu’il y a cette sorte d’obligation légale de hiérarchie : ces élu-e-s ont un pouvoir, ce qui crée une hiérachie qui est contournée autant que possible pour rester dans les valeurs de la plateforme. Ce n’est pas évident parce qu’il y a, chaque semaine, beaucoup de décisions à prendre. Les structures de décisions légales ne sont pas du tout adaptées donc il faut compter sur les bonnes intentions des élu-e-s.

Ils travaillent notamment sur la transparence en changeant les règles, pas juste en se contentant de publier ce qu’il faut mais changer la législation pour que le gouvernement suivant, s’il ne veut pas de transparence, soit obligé de changer la loi.

Un portail sur la transparence existe https://transparencia.madrid.es/ et il sera amélioré, mais ils doivent d’abord se mettre d’accord sur les objectifs. Un de ces objectifs est de publier des documents qui soient compréhensibles, pas uniquement par ceux qui parlent le « langage administratif » (un exemple : la recherche « salaires » ne donne pas de résultats sur la plateforme, parce qu’il faut un autre mot spécifique, sans doute « rémunérations »). Une ordonnance fera que chaque responsable politique devra également publier son agenda, et les lobbies devront s’inscrire dans un registre public.


Une autre plateforme existe, sur la participation : https://decide.madrid.es/ Cette plateforme est essentielle quand on veut aller au-delà de réunions de 10-100 personnes, donc d’une ville. Parce qu’il faut prendre des décisions, tous les jours, et internet permet d’éliminer les barrières physiques. Aucune plateforme ne convenant à leurs besoins, ils ont conçu le logiciel Consul https://www.consul.io/ (qui est un logiciel libre, et est aussi utilisé à Barcelone, Oviedo, La Corogne). Légalement la constitution espagnole interdit les référendums contraignants, donc il n’est pas encore possible d’avoir des décisions prises sur cette plateforme automatiquement transformées en décisions légales. Mais comme certaines décisions peuvent être prises par l’exécutif (ici Ahora Madrid), et qu’il y a une majorité Ahora Madrid-PSOE au parlement local, les décisions de la plateforme sont de fato suivies.

Une partie du budget (60 millions d’euros, https://decide.madrid.es/participatory_budget/investment_projects/welcome?locale=en) est décidée directement par la population qui doit expliquer comment dépenser cet argent. Un autre de participation concrète exemple est d’une proposition top-down : le redéveloppement de la Plaza de España. Les citoyen-ne-s devaient répondre à 18 questions spécifiques pour modéliser la place qu’ils voulaient (« faut-il que ce soit vert ? Avec ou sans pistes cyclables ? »). Les réponses sont contraignantes. Le processus est ouvert, les architectes peuvent envoyer leurs propositions mais en respectant ces desiderata. Les projets sont uploadés, et les gens décident ce qui sera réalisé.

Autre portail, sur l’Open Data : http://datos.madrid.es/portal/site/egob La qualité et la quantité des publications n’est pas encore aussi bien qu’ils le souhaiteraient. Une ordonnance va normalement être approuvée plus tard, obligeant le gouvernement à publier toute information sous un format ouvert. Et ils éduquent également le personnel à ne pas utiliser de PDF mais des formats réutilisables. Il y collaboration avec d’autres villes pour améliorer l’organisation des données.

Les différents partis qui se sont créés un peu partout en Espagne ont profité du fait que Podemos ne se présentait pas aux élections locales. Ces partis ne sont pas organisés de façon traditionnelle, mais sont avant tout des projets citoyens. Ces citoyens qui occupaient les places et les rues (15M), obsédés par des valeurs d’horizontalité, d’ouverture et d’inclusivité, ont mis en place ces initiatives. Cela a permis de révéler certaines personnes, comme la maire de Madrid Manuela Carmena. A l’opposé, Podemos était construit de façon bien plus traditionnelle, avec des leaders définis depuis le début, qui prennent des décisions importantes encore aujourd’hui. Podemos n’est pas tout à fait un parti traditionnel, mais en fin de compte, le parti a un exécutif, le leader a beaucoup de pouvoir et prend beaucoup de décisions, ce n’est pas tellement ouvert. Les initiatives citoyennes, elles, étaient véritablement ouvertes (« Ok, vous en prenez le contrôle ! Vous pouvez contrôler la campagne, c’est votre parti ! »). Les citoyens ont fait confiance au processus. Sans argent au début, et même après une campagne de crowdfunding, ça restait peu d’argent utilisé. C’est là, la différence avec Podemos. Qui n’a gagné nulle part, parce qu’ils ne se sont pas véritablement ouverts et qu’ils n’ont pas partagé le contrôle avec tout le monde. Les citoyens s’en sont rendu compte. « It doesn’t matter how participative it looks, it really has to be »

Tous ces partis dans différentes villes n’ont pas de structure commune. Par contre, ils apprécient de travailler ensemble, entre villes. Il n’y a pas d’esprit de compétition. Exemple avec le logiciel Consul, développé par Madrid, utilisé par après par Barcelone dont les développeurs travaillent désormais avec ceux de Madrid. Ce qui permet, sans même mettre en avant de raison idéologique, d’épargner des millions d’euros de dépenses. Un service interne a même été créé, le « Service d’extension institutionnelle », qui contacte d’autres villes dans le monde, pour les informer par exemple que tel outil a été créé et peut être utilisé par ces villes, avec toutes les connaissances accumulées par Madrid.

Beaucoup de ces éléments qui seront obligatoires via ordonnances et autres décisions sont déjà appliquées par le gouvernement actuel. Pour que le gouvernement suivant doive continuer ces pratiques.